Magnificat, op.3 (1980)
Antiphone pour la visitation
pour ténor, chœur mixte et orchestre
Durée : 25'
Dédicace : Roland Bourdin
Création : 16 décembre 1980, Paris, Église Saint-Séverin, Festival d'Art Sacré de la Ville de Paris
Ensemble Orchestral de Paris,
l’ensemble vocal Michel Piquemal
ténor : Christian Jean
Direction : Jean-Pierre Wallez
Effectif : 1 ténor solo ; chœur mixte à 16 voix ; 2*2**22 – 2000 – Cordes : 6, 6, 4, 4, 2 *la première flûte jouant aussi la petite flûte, la 2e flûte jouant aussi la petite flûte et la flûte en sol -
**dont 1 cor anglais
MAGNIFICAT OP. 3
LA VISITATION DE MARIE
Le Magnificat – Antiphone pour la Visitation est la première partie d'un Triptyque
Marial en trois périodes, dérivé du Keshtat za-`Aryàm éthiopien, office destiné à
honorer la Sainte Vierge d'une façon particulièrement solennelle. Les deux tableaux qui
suivent sont les Laudes op.5 pour Orgue, et Asùn op.7 (anciennement Requiem de la
Vierge) conte symphonique pour l'Assomption de Marie, pour Soprano, Ténor, Baryton,
Chœur mixte, Chœur d'enfants et Orchestre.
Lorsque Marie, par les chemins qui montent de Galilée en Judée, s'avance jusqu'à la
bourgade d'`Aïn-Karem, afin de rendre visite à sa cousine Elisabeth, elle porte en son sein
un ineffable mystère : Dieu parmi les hommes.
L'évènement se situe au cours de cette période historiquement unique dans l'histoire de
l'humanité : ces neuf mois pendant lesquels le fils de Dieu a voulu se soumettre aux
servitudes de notre condition. Une femme de notre race humaine se voit comblée d'un
indicible honneur : elle devient le tabernacle de Dieu et la Reine du Monde.
Les dimensions du second des quinze Mystères du Rosaire sont innombrables. J'en ai
retenu plus particulièrement un : la Visitation, c'est le Mystère de la Rencontre et de
l'Intériorité.
Le Magnificat est un chant de salutation qu'il faut replacer dans le contexte judéo-
islamique où la rencontres, les retrouvailles après une longue séparation, font l'objet d'un
rituel souvent complexe. Il se produit une sorte de jeu verbal, de type antiphonal, à la
frontière de la psalmodie, formé de questions et réponses brèves, avec reprises et
répétitions. En Afrique Noire, ce phénomène est considérablement amplifié, et donne
souvent à une véritable polyphonie vocale.
Commencé au Niger et en Côte-d'Ivoire en 1979, l'ouvrage fut achevé fin 1980,
pendant mon séjour à la Villa de Médicis, à Rome.
Dans le rite Cistercien, l'Introït de la Messe de la Visitation est le « Gaudeamus omnes
in Domino ». Les premiers neumes de l'Introït sont à l'origine d'une cellule tétraphonique
constituant un des fondements harmoniques de la partition.
Quatre périodes s'enchaînent sans interruption:
1. « Les dons de Dieu à Marie ». (Luc, 1, 46-50), chant responsorial orné par une
passacaille orchestrale stratifiée.
2. « La Puissance de Dieu sur les nantis comme sur les pauvres ». (Luc, 1, 51-53),
où intervient le ténor soliste. C'est l'Archange Gabriel. Son rôle est de psalmodier
des textes adjacents au Magnificat proprement dit. Cette psalmodie se poursuit
de loin en loin par des parenthèses en forme de « danses sacrées »
3. « La Fidélité de Dieu à son peuple ». (Luc, 1, 54-55), cette période débute par un
long choral, se prolongeant par des litanies, où revient inlassablement la
promesse que Dieu sauvera son peuple.
4. « Doxologie, ou Acclamation ». (Cantique des cantiques, 2,8-14), les trois
modulations initiales, auxquelles le ténor répond toujours «Ecce iste venit
saliens...», sont une évocation du Samedi saint, au moment où le diacre,
avançant dans l'église encore obscure, allume successivement les trois cierges
attachés au sommet d'un roseau et chante à trois reprises, sur un ton chaque fois
plus élevé: «Lumen Christi». Pendant que l'orchestre harmonise des bribes
d'antiennes mariales, le chœur répond en écho (« Ecce, ecce, iste... ») au ténor
qui finit par psalmodier le texte de l'Epître de la Visitation sur une berceuse
orchestrale et chorale; dans cette berceuse finale, un violon solo dialogue avec
l'orchestre très divisé et rassemblé en un « carillon » sur lequel s'achève, comme
s'il s'agissait de la fin d'un office.
Jean-Louis Florentz