Conte liturgique pour l'assomption de Marie, pour soprano, ténor, baryton, choeur d'enfants, choeur mixte et orchestre.
Le titre de 'Asún' était 'Requiem de la Vierge' jusqu'en 1999.
Livret : Textes grecs, arabes et éthiopiens traduits en latin par Juan José Torres Esbarrangh ? professeur de philologie grecque à l’Université de Palma de Majorque Durée : 50’ Création : 13 décembre 1988, Radio France, Festival d'Art Sacré, par le Chœur, la maîtrise et l’orchestre de Radio France
Commande
Radio France
Partition en location
(AL 29361)
chant et piano en location
(AL 29362)
matériel en location
(AL 29363)
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Effectif : 1 soprano solo, 1 ténor solo, 1 baryton solo ; chœur mixte ; chœur d'enfants ; 4*3**3***2 – 3320 – 1 timb. – Perc. I : xylorimba, 3 toms et 2 bongos – Perc. II : marimba, glockenspiel, grosse caisse grave – Perc. III : crotales, grosse caisse très grave – Célesta – 2 harpes – Cordes : 16, 16, 14, 12, 10*dont 1 flûte en sol -**dont 1 cor anglais-***dont 1 clarinette basse.
ASÙN, OP.7
Scénario
Le Lac Tana, en Éthiopie, vers l’An 50, au début du Keremt (saison des pluies). Marie, assise sur le seuil de sa petite maison au toit de chaume, est occupée à recoudre un filet à l’aide d’une aiguille d’os. De temps à autre elle regarde les pêcheurs, loin sur le lac. Derrière eux se profile la petite île Tana Cerqos. Elle se remémore son premier jour au lac Tana, lorsque peu de temps avant la naissance de Jésus, elle a été obligée de fuir les soldats d’Hérode, avec Joseph. Elle y est revenue, depuis plusieurs années déjà, sans doute pour toujours pensait-elle. Cette fois-ci, elle a dû quitter la Thrace, où elle avait suivi l’Apôtre Jean. C’est la terreur de Claude et Messaline an Méditerranée, et depuis 46, la Thrace est devenue province romaine. Jean a reconduit Marie en Éthiopie, craignant l’intensification des persécutions. Beaucoup de juifs sont également venus s’installer dans les montagnes du Semien, non loin du lac Tana: ils sont une branche des ancêtres des Falacha. La Vierge vit seule ici, avec quelques servantes. Deux ou trois fois par an, Mathieu vient la voir. Il évangélise au sud du Soudan et en Érythrée.
...L’Aube sur le Lac Tana, en Éthiopie... (1er tableau. Ch.1 à 9)
Une forêt derrière le lac, d’où proviennent les tout-premiers chants d’oiseaux,
cigales... aux sons parfois translucides. Les Clérodendrons, Commiphoras et Acacias, en fleurs, exhalent un parfum indescriptible...
Marie songe. Des abeilles sauvages ont élu domicile tout près de sa maison; ce matin elles ne bourdonnent pas comme d’habitude. Et d’ailleurs, tout est étrangement différent: la lumière de l’aube est plus rouge, virant au parme. Le lac a la pureté d’un miroir. Les acacias à gales (acacia drepanolobium) sifflent mystérieusement avec la brise.
La Vierge entend comme un chant, qui la trouble...
C’est le chœur des Esprits de l’Autel de l’Eau, où se trouve la pierre sur laquelle le prophète Jérémie a écrit le grand poême initiatique « Rempart de la Croix » – qui s’applique à la Vierge –
Les servantes de Marie répondent aux Esprits par une longue psalmodie. C’est l’office de Vigiles du Cinquième Archange de Dieu : Saraqiel. Pour ne pas effrayer la Vierge, il a pris la voix des Esprits de l’Autel de l’Eau, qui lui sont plus familiers. Saraquiel se souvient en effet de la trop forte émotion de Marie, lorsqu’à Bartos et Golgotha, il lui est apparu avec ses Six compagnons : Sept Lumières « dix mille fois plus brillantes que le Soleil » l’ont épouvantée, et l’ont affaiblie physiquement au point qu’elle a failli en mourir.
...L’Ange à la Palme... (2e tableau. Ch.10 à 35) La lumière de l’aube est passée au pourpre, puis au bleu outre-mer. Un groupe se rapproche... C’est Michaël, accompagné de quelques Veilleurs. Par leurs voix, il s’adresse à la Vierge.
Il vient lui annoncer que dans trois jours, elle va mourir, déposer son corps... Dieu viendra Lui-même la chercher pour la conduire au Paradis. L’Archange veut lui donner une Palme, et lui indique la montagne où elle doit se rendre (le Mont Sion). Nous sommes en effet dans le « pays au-delà des fleuves de Koush » dont parlait Isaïe, là où s’arrête l’univers, et « où réside le Nom de Yawé Sabaot, sur le Mont Sion ».
Un dialogue dramatique entre Michaël et Marie, qui ne le reconnaît pas et lui demande son nom. Elle est profondément troublée par l’arrivée de ces personnages : des jeunes hommes vêtus de blanc, inondés de lumière. Les servantes de Marie sont mystérieusement anéanties par l’apparition de l’Archange Gabriel. Celui-ci ne peut révéler son Nom, explique-t-il à la Vierge, ce serait insoutenable, et n’appellerait que ruines et deuils.
Michaël alors tend la Palme. Tous les arbres s’inclinent sur le chemin que prend Marie pour gravir le Mont Sion. Elle reconnaît alors son Seigneur et, angoissée, interroge les Archanges. Elle voudrait savoir qui Dieu veut emmener au Paradis. Sa mort signifie la Fin du Monde, croit-elle…
Les Archanges Uriel, Raphaël, Raguël et Remeïel, par la voix des Doubles des
servantes, l’interpellent violemment. Enfin, Gabriel et Michaël lui précisent que tous les apôtres seront auprès d’elle lorsqu’elle déposera son corps.
...La Forêt des Arcanes... (3e tableau. Ch.36 à 43) Marie prend la Palme. Au même moment, Michaël et Gabriel disparaissent dans un éblouissement. Dans la Forêt initiatique qui conduit la Vierge au Mont Sion, les autres
Archanges lui révèlent les Noms Sacrés de Dieu, ceux qui figuraient dans les « Actes de Moïse », tandis que Saraqiel, par la voix des Esprits des Forêts, lui rappelle sa prédestination. Cette même voix, le prophète Mohamed l’entendra plus tard, elle lui inspirera la IIIe Sourate du Coran, dite « La Famille de ‘Imran ». Marie sort de la Forêt initiatique. Les Veilleurs et les Esprits de l’Autel de l’Eau lui décrivent la puissance de Dieu, tandis que du sommet du Mont Sion, elle aperçoit l’» Arc de Lumière », Signe d’Alliance avec la Terre, que Yahwé avait « mis dans la nuée », après le déluge. C’est par cet « Arc d’Alliance » que Dieu enlèvera Marie...
Le Soleil se lève, dans la Constellation des Poissons. Depuis quelques siècles, nous sommes dans le XIe cycle de précession des équinoxes, XIe et peut-être avant-dernier Temps de l’Histoire du Monde, selon les Écritures Assyriennes. Marie entend des voix de femmes, au lointain : une psalmodie extrêmement nostalgique : ce sont les âmes de ses servantes, qui ne l’accompagneront pas, car elles doivent attendre la Fin des Temps, comme les autres humains.Le Vierge se rend alors « auprès de l’Autel de l’Eau, couvert par la nuée ». La puissance de la Palme fait aussitôt trembler la Pierre aux Écritures de Jérémie. Guidée par les Veilleurs, Marie entre dans une crypte secrète, dépose la Palme dans un linceul. Elle ôte ses vêtements, lave son corps et se revêt du Maphorion, robe sacrée.